Capturer la beauté de la montagne semble simple… mais c’est souvent trompeur. Au début, on revient avec des photos ternes, floues ou sans relief. C’est normal car la photographie de montagne est exigeante. La lumière change rapidement, les perspectives sont trompeuses, et retranscrire l’émotion du moment peut devenir un vrai défi.
La bonne nouvelle ? Ces erreurs sont faciles à corriger dès qu’on en prend conscience.
Dans cet article, je vous propose de découvrir 8 erreurs fréquentes que font presque tous les débutants en photo de montagne, ainsi qu’un bonus. Pour chacune d’elles, vous trouverez des solutions simples et concrètes, applicables même sans matériel professionnel. Avec quelques ajustements, vos images gagneront en impact, en profondeur et en émotion.
Prêt à progresser et à révéler toute la force de vos photos de montagne ? Allons-y.
Erreur n°1 : Se placer uniquement à hauteur d’œil
Prendre son appareil photo et déclencher en restant debout est un réflexe naturel chez les débutants. Le problème c’est que ce point de vue banal donne souvent des images plates, sans relief ni originalité.
En restant à hauteur d’œil, on photographie ce que l’on voit en marchant, sans chercher à valoriser la scène ni à ajouter de la créativité à la composition.
Comment éviter cette erreur ?
- Varier son point de vue : accroupissez-vous, allongez-vous au sol ou grimpez pour prendre de la hauteur.
- Jouer avec la perspective : la plongée et la contre-plongée modifient totalement l’impact d’une scène. Par exemple, une vue plongeante sur un lac va le mettre en valeur de manière totalement différente.
- Expérimenter : testez plusieurs angles pour un même sujet. Comparez ensuite les images pour observer comment l’ambiance et l’impact changent.
Exercice pratique
Lors de votre prochaine sortie photo, choisissez un sujet (un arbre isolé, une cabane, etc.) et réalisez trois prises de vue différentes :
- A hauteur d’œil (debout).
- En contrebas (à ras du sol ou accroupi).
- En hauteur (si possible, depuis un rocher ou un petit promontoire).
Ensuite, comparez les trois images. Vous serez surpris par la différence d’ambiance et la force qui s’en dégage.

Erreur n°2 : Ne pas attendre la bonne lumière
En montagne, la lumière évolue rapidement, parfois en quelques minutes. C’est pourquoi prendre son temps, savoir attendre et développer sa patience est une compétence essentielle pour réussir ses photos de paysage.
Il est rare d’arriver sur un spot et d’obtenir directement la bonne lumière et l’ambiance idéale. Il faut souvent patienter, observer et laisser le décor se transformer.
Comment éviter cette erreur ?
- Privilégier les heures dorées : au lever ou au coucher du soleil, la lumière est plus chaude et plus douce. Elle permet de mettre en valeur le paysage et ses reliefs.
- Profiter de la météo : des nuages, de la brume, un orage sont autant de conditions qui créent des ambiances uniques et souvent bien plus intéressantes qu’un ciel bleu uniforme.
- S’adapter au moment de la journée : un ciel fade et trop lumineux en pleine journée n’est pas une excuse pour ranger son appareil photo. Jouez avec les ombres, exploitez les contrastes, incluez le soleil dans le cadre ou concentrez-vous sur des détails. Pourquoi ne pas profiter de la lumière dure pour explorer la forêt et ses jeux d’ombre ?
Exercice pratique
Choisissez un lieu facile d’accès (lac de montagne, crête, etc.) Revenez-y à différents moments de la journée : matin, midi, soir, temps couvert… Puis comparez les images. Vous découvrirez combien la lumière transforme une scène, même sans changer de cadrage.

Erreur n°3 : Rester bloqué sur le grand-angle
Comme beaucoup de débutants, j’ai longtemps cru que la photo de montagne se faisait uniquement au grand-angle. Certes, il permet de montrer l’immensité du paysage et d’obtenir des images spectaculaires. Mais… oui, il y a un « mais ». Il limite notre regard et notre créativité.
Prenez aussi avec vous un téléobjectif ! Il vous permettra de capturer des détails, des contrastes et de compresser les reliefs. Bref, il ouvre un nouvel horizon créatif pour composer vos photos et raconter votre propre histoire.
Comment éviter cette erreur ?
- Varier les focales : passez du grand-angle au téléobjectif pour explorer différentes interprétations du même sujet. Un téléobjectif est idéal pour isoler un jeu de lumière, un détail dans une cascade ou encore une crête.
- Chercher des détails : texture de roche, fleurs alpines, une silhouette sur une crête sont autant d’éléments qui donnent de la force à votre image.
Exercice pratique
Lors d’une prochaine sortie, choisissez un même sujet et photographiez-le à différente focale :
- Plan large (grand angle).
- Plan moyen (isoler un élément marquant).
- Plan serré (détail précis).
Comparez les résultats : vous verrez que chaque focale raconte une histoire différente.
👉 Pour aller plus loin, découvrez mon article : « Pourquoi j’utilise un téléobjectif en photo de montagne ? »

Erreur n°4 : Ne pas stabiliser l’appareil
Je l’avoue, il m’arrive encore de laisser le trépied à la maison pour gagner du poids, ou de ne pas le sortir lors d’une randonnée en groupe pour éviter de ralentir tout le monde. Pourtant, stabiliser son appareil photo est essentiel.
D’une part, cela évite les flous liés à une vitesse trop lente quand la lumière baisse. D’autre part, cela ouvre la porte à des photos plus créatives, comme les poses longues, les effets soyeux sur l’eau ou les filés de nuages dans le ciel.
Comment éviter cette erreur ?
- Utiliser un trépied : optez pour un modèle léger en carbone est idéal pour la randonnée. Si vous ne pouvez vraiment pas vous en encombrer, un petit trépied de table peut dépanner, même s’il ne convient pas à toutes les situations.
- Improviser un support : posez l’appareil sur un rocher, un sac à dos ou tout support stable pour gagner en netteté sans trépied.
Exercice pratique
Faites plusieurs photos à main levée en diminuant progressivement la vitesse d’obturation, puis observez à partir de quel moment vos images deviennent floues. Cela vous aidera à connaître les limites de votre matériel. La stabilisation du boîtier et/ou de l’objectif peut aussi vous aider et vous faire gagner plusieurs “stops”.

Erreur n°5 : Se fier uniquement à l’écran et pas à l’histogramme
Se fier à l’écran de son appareil photo est souvent trompeur et une erreur fréquente. Selon la lumière ambiante ou les réglages de l’écran, une photo peut sembler correctement exposée alors qu’elle est en réalité surexposée ou sous-exposée.
Un ciel cramé, des ombres bouchées : ces défauts sont parfois invisibles sur l’écran, mais sautent aux yeux une fois la photo ouverte sur ordinateur.
Le plus fiable pour savoir si votre photo est bien exposée est de consulter l’histogramme. Il est très simple de l’afficher lors de la prise de vue ou après la photo. Cette courbe vous indique la répartition de la lumière dans l’image, et donc si vous êtes trop clair, trop sombre ou équilibré.
Comment éviter cette erreur ?
- Vérifier l’histogramme : assurez-vous que la courbe ne soit pas collée complètement à gauche (sous-exposition) ni complètement à droite (surexposition).
- Shooter en RAW : ce format contient beaucoup plus d’informations qu’un JPEG, ce qui permet de corriger plus facilement une exposition imparfaite en post-traitement.
Exercice pratique
Activez l’histogramme et réalisez trois photos d’un même sujet :
- Une surexposée
- Une sous-exposée
- Une bien exposée
Comparez les courbes pour comprendre visuellement l’impact de l’exposition. Ce réflexe vous aidera à progresser rapidement.
👉 Pour aller plus loin, je vous invite à lire mon article dédié sur l’histogramme.

Erreur n°6 : Négliger la composition
Une bonne lumière et un bon matériel ne suffisent pas à faire une belle photo. La composition est ce qui guide le regard et donne de la force à une image. Pourtant, elle est souvent négligée par les débutants.
Un horizon penché, un sujet mal placé, une image chargée sans point d’accroche… autant de détails qui peuvent transformer une belle scène en photo ratée.
Prenons un exemple concret : imaginez un magnifique lac de montagne photographié avec un horizon penché. Même si la lumière est parfaite et le lieu grandiose, l’œil du spectateur sera dérangé et l’impact visuel fortement diminué.
Comment éviter cette erreur ?
- Appliquer la règle des tiers : cela consiste à diviser l’image en trois bandes horizontales et verticales, afin de placer les éléments clés sur les lignes ou aux points d’intersection.
- Utiliser des lignes directrices : un sentier, une crête ou par exemple une rivière sont des éléments qui guident naturellement l’œil vers votre sujet.
- Redresser l’horizon : affichez le niveau électronique sur l’écran de votre appareil photo pour corriger en direct ou redressez votre photo facilement au post-traitement.
Exercice pratique
Lors de votre prochaine sortie, prenez deux photos du même sujet :
- La première sans réfléchir à la composition.
- La seconde en appliquant la règle des tiers et en intégrant une ligne directrice.
Comparez ensuite les deux images. Vous verrez à quel point une simple attention à la composition peut transformer votre photo.
👉 Pour aller plus loin, découvrez mon article : Comment maîtriser la composition au-delà de la règle des tiers

Erreur n°7 : Sacrifier sa sécurité pour un cliché
La montagne est un milieu magnifique mais aussi dangereux. Il ne faut pas y aller à la légère en négligeant sa propre sécurité ou celle des autres. Il est facile de grimper sur des roches instables ou de glisser sur un terrain piégeux.
En hiver, les corniches représentent un danger majeur. Elles sont rarement visibles. Sur une crête, il faut éviter de s’approcher du bord si vous n’avez pas la certitude qu’il ne s’agit pas d’une corniche.
La météo ajoute aussi des risques. Un terrain sûr peut devenir glissant, instable et extrêmement dangereux en quelques minutes.
Si vous n’êtes pas à l’aise dans le milieu montagnard, je vous conseille fortement de sortir avec des personnes expérimentées ou de suivre une formation auprès de spécialistes de la montagne.
Aucune photo ne vaut de prendre un risque inutile.
Comment éviter cette erreur ?
- TOUJOURS privilégier la sécurité : aucune photo ne vaut un accident. Chaque année, des personnes perdent la vie en montagne après avoir négligé leur sécurité. Si une position ou un accès semble risqué, renoncez.
- Vérifier la météo : consultez toujours les prévisions avant de partir et vérifiez régulièrement les conditions en chemin. Le temps change vite en montagne. Observez l’évolution du ciel, adaptez-vous et équipez-vous en conséquence.
- Analyser les sentiers : étudiez la carte, renseignez-vous sur la difficulté et assurez-vous d’avoir le niveau physique et technique nécessaire.
- Savoir renoncer : si vous ne le sentez pas, que les conditions sont mauvaises ou que le sentier est plus exigeant que prévu, il faut savoir faire demi-tour. Le but premier d’une sortie en montagne n’est ni le sommet, ni la rando au complet, ni la photo parfaite mais de rentrer à la maison sain et sauf.
Exercice pratique
Lors de votre prochaine sortie, repérez une situation où vous auriez pu prendre un risque pour améliorer votre photo (un rocher instable, un point de vue difficile d’accès). Notez ensuite quelle alternative plus sûre vous auriez pu choisir. Cet exercice vous aidera à développer de bons réflexes pour vos futures sorties.
Erreur n°8 : Manquer de préparation logistique
En photo de montagne, une belle image se prépare bien avant d’être sur place et de déclencher. Quand on débute, on a tendance à partir sans réelle préparation. On se fie au hasard et l’on se rend compte, par exemple, que le soleil est déjà passé derrière une montagne au moment du coucher.
Attention : le hasard peut aussi offrir de belles surprises ! Il faut parfois savoir se laisser surprendre. Mais une bonne préparation augmente considérablement vos chances d’obtenir les images que vous avez en tête.
Comment éviter cette erreur ?
- Planifier vos prises de vue : utilisez des applications comme Photopills ou PeakFinder pour savoir où et quand le soleil se lève ou se couche, et comment il éclaire les sommets.
- Vérifier la météo : même la plus belle composition peut être gâchée par un ciel bouché ou une pluie imprévue. Consultez les prévisions et adaptez vos plans.
- Anticiper la durée de la sortie : regardez le dénivelé et la distance pour évaluer le temps de marche et ajoutez toujours une marge de sécurité.
- Préparer son équipement : lampe frontale, vêtements chauds, eau, nourriture… Ne partez jamais en montagne sans l’essentiel.
- Repérer les lieux à l’avance : si possible, faites un repérage sans matériel, juste pour visualiser les cadrages et évaluer l’accessibilité.
Exercice pratique
Choisissez un lieu en montagne que vous connaissez déjà. Planifiez une sortie photo en notant :
- L’heure et la direction du lever/coucher de soleil
- La durée estimée de la randonnée
- La météo prévue
- Le matériel à emporter
👉 Pour approfondir, découvrez mon article : Applications photo pour la montagne : les indispensables.

Erreur Bonus : Ne pas nettoyer l’objectif (ou le filtre)
C’est une erreur fréquente, surtout quand on débute : oublier de vérifier l’état de propreté de son objectif ou de son filtre. Le résultat est des taches de poussière à corriger en post-traitement, ou pire, des gouttes d’eau qui dégradent tellement l’image qu’il devient impossible de la récupérer.
Comment éviter cette erreur ?
- Nettoyer son matériel après chaque sortie : prenez l’habitude de nettoyer votre matériel photo en rentrant. Vous serez ainsi prêt pour la prochaine sortie.
- Toujours emporter de quoi nettoyer : glissez un chiffon microfibre ou un petit kit de nettoyage dans votre sac photo. Pour découvrir ce que j’utilise personnellement, vous pouvez lire : 8 accessoires photo que j’emporte toujours en montagne.
Exercice pratique
Prenez l’habitude, après chaque sortie, de nettoyer systématiquement votre matériel photo. Et pendant la prise de vue, jetez régulièrement un œil à vos lentilles et filtres. Cette simple routine vous évitera bien des mauvaises surprises en post-traitement.

Conclusion
La montagne est un terrain de jeu extraordinaire pour la photographie, mais elle demande de la patience, de l’observation et une bonne dose de préparation.
Comme vous avez pu le voir tout au long de cet article, les erreurs que l’on fait en débutant sont normales et faciles à corriger. Mieux encore, elles deviennent vite des leviers de progression.
Souvenez-vous : l’objectif n’est pas de revenir avec “la photo parfaite”, mais de prendre du plaisir, d’explorer, d’expérimenter et de développer votre regard. Avec un peu de préparation, de motivation et de curiosité, chaque sortie photo en montagne peut vous offrir non seulement de belles images, mais aussi des souvenirs inoubliables.
Et vous, quelle est l’erreur que vous avez le plus souvent faite à vos débuts ? Partagez votre expérience en commentaire, cela aidera sûrement d’autres passionnés à progresser !
Un grand merci d’avoir pris le temps de me lire jusqu’au bout ! N’hésitez pas à partager et à transmettre cet article à d’autres passionnés !
0 commentaires